Alimentation locale : quel impact sur l’empreinte carbone

Par : Alicia Kempeneers

Publié le   |  Temps de lecture :

Si l’on désire réduire son empreinte carbone, manger local peut apparaître comme l’un des premiers leviers à activer. Toutefois, qu’en est-il vraiment de l’empreinte carbone de l’alimentation locale ? Quels sont les modes d’alimentation qui font réellement une différence ?

 

Les effets non escomptés du local sur l’empreinte carbone 

Manger local n’émet pas forcément moins de CO2e que de consommer des produits importés. Pour répondre à la demande de produits frais tout au long de l’année, des méthodes énergivores peuvent être nécessaires dans le cadre de leur production ou de leur conservation.

Prenons l’exemple d’une tonne de tomates (1,3) :

 

Tableau comparant les émissions de gaz à effet de serre pour 1tonne de tomates importée ou cultivées localement en serre

 

Cultiver une tonne de tomate en hiver à l’aide de serres chauffées constitue une source d’émissions de gaz à effet de serre importante. Aussi importante que si cette même tonne de tomate était importée en bus depuis l’Afrique du Sud, un voyage qui représenterait alors 26.000km. (1)

Pour avoir un impact sur notre empreinte carbone, une consommation locale devrait donc être combinée à une alimentation de saison. Cela permettrait de tirer un maximum parti des bienfaits de ce choix de consommation. Si ce n’est pas le cas, l’importation peut alors s’avérer être une option moins polluante.

 

 

Manger local oui, mais de saison et moins de viande !

Manger local ne suffit donc pas pour réduire l’empreinte carbone de notre alimentation. Pour avoir un réel impact, ce choix de consommation nécessite d’être allié à une alimentation de saison et, pour bien faire, composée d’aliments dont la production est moins émettrice en GES.

Le type d’alimentation et que l’on choisit d’adopter est en effet très déterminant pour notre empreinte carbone. Ainsi, plus un régime sera composé de viande, plus lourd sera son impact environnemental (2,4,5).

 

Émissions de gaz à effet de serre par kilogramme de produit alimentaire

 

Comme le démontre ce graphique, suivant les ingrédients qui composent nos repas, l’empreinte carbone de notre alimentation va drastiquement changer. Ainsi pour diminuer efficacement son empreinte carbone, une des premières démarches pourrait être de réduire sa consommation d’aliments issus de l’élevage.

À titre d’illustration, pour un kilogramme de bœuf, c’est près de 100kg de CO2e qui est émis tout le long de la production. Autrement dit 32 fois plus de CO2e que pour la même quantité de tofu. Une option envisageable consiste à préférer la qualité à la quantité et/ou opter pour des alternatives. Une viande produite en Belgique ou en France dans des élevage extensifs (un mode d’élevage agroécologique ne recherchant pas une hausse constante de la productivité et limitant les intrants extérieurs tels que les pesticides) aura une empreinte carbone bien moindre qu’une viande importée d’une ferme-usine à l’autre bout du monde.

 

Et le bio dans tout ça ?

En ce qui concerne le mode d’agriculture, celui-ci a aussi un impact sur l’empreinte carbone totale du produit. Toutefois, une fois encore, ce n’est pas si simple. En effet, quand il est question d’alimentation biologique, l’objectif premier n’est pas le rendement. Dès lors, si l’on s’en tient à la méthode de calcul ACV (méthode qui permet de tenir compte du plus grand nombre de critères et d’étapes de production dans toute une série de filières et de secteurs), l’agriculture bio serait moins consommatrice d’énergie mais perdrait des points en raison de son rendement plus bas que l’agriculture traditionnelle (et donc son plus grand besoin en terre). Si l’on s’en tient à cette méthode de calcul, l’agriculture bio émettrait donc autant, voire plus de gaz à effet de serre que l’agriculture traditionnelle. (6,7)

Attention toutefois à ne pas tirer de conclusions hâtives. L’unité de mesure ACV (Analyse du cycle de vie) ne permet pas refléter toute la complexité de la question des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture. En effet, elle se base principalement la questions des rendements. Cette méthode de calcul ne prend par exemple pas en compte les impacts sur la biodiversité, les impacts des pesticides, les effets sur la qualité du sol qui sont autant d’éléments primordiaux pour le maintien d’écosystèmes viables.

 

 

Sources :