Les 9 limites planétaires

Par : Alicia Kempeneers

Publié le   |  Temps de lecture :

Qu'est-ce qu'une limite planétaire ?

L’humanité s’est spécialisée dans l’art de repousser les limites. Un art qui peut avoir du bon quand il est question de surmonter des épidémies mondiales, mais qui ne poursuit pas toujours des missions aussi nobles. Car, comme une bonne floppée de films de science-fiction l’ont déjà illustré, toutes les limites ne sont pas bonnes à dépasser.

Limites planétaires: 6 des 9 limites planétaires sont actuellement dépassées.

Qu’est-ce qu’une limite planétaire ?

Durant des dizaines d’années, nous avons produit et consommé comme si les ressources planétaires étaient illimitées, comme si rien ne pouvait freiner le développement et la croissance de notre civilisation. Or, si certaines ressources sont bel et bien présentes en grande quantité, elles ne sont pas infinies pour autant. On les appelle les ressources non renouvelables, comme le pétrole, le gaz ou encore le charbon. Ces matières premières existent en quantité limitée et il nous est donc impossible de piocher dans ces stocks indéfiniment.

C’est pourquoi, en 2009, sous la direction du chercheur suédois Johan Rockström du Stockholm Resilience Center, une équipe internationale de scientifiques a entrepris de quantifier les risques liés aux perturbations humaines sur notre environnement : est alors né le concept de limite planétaire (1).

Ces limites peuvent être définies comme étant des mesures qualitatives et quantitatives (c’est-à-dire chiffrées), qui délimitent un espace de développement sûr au sein duquel l’humanité peut continuer de se développer et de prospérer pour les générations à venir.

Autrement dit, afin de maintenir des conditions de vie souhaitables sur Terre, il est recommandé de rester en dessous des seuils définis par des limites biophysiques, qui sont au nombre de 9.

 

Quelles sont les 9 limites planétaires ?

Actuellement, l’humanité a déjà transgressé 6 de ces limites (en gras dans la liste) (2;3).

  • Le changement climatique 
  • Le changement d’usage ou d’affectation des sols 
  • L’intégrité de la biosphère (anciennement érosion de la biodiversité) 
  • L’introduction de nouvelles entités dans l’environnement 
  • La perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore 
  • L’utilisation de l’eau douce 
  • L’acidification des océans
  • La charge en aérosols dans l’atmosphère
  • La diminution de la couche d’ozone

Gardons toutefois à l’esprit que le dépassement de ces limites ne représente pas pour autant des points de bascule climatique. Autrement dit, un seuil qui, une fois transgressé, rend le cours des événements extrêmement imprévisible. Ces événements, une fois déclenchés, peuvent modifier l’équilibre d’un système, ce que l’on appelle alors un point de non retour. Les limites planétaires ont dès lors pour objectif de mettre en garde contre le risque de s’approcher de ce point de non-retour, tout en tenant compte de l’incertitude et de l’inertie du système Terre. Par exemple, le changement climatique peut atteindre un point de non-retour bien avant un point de bascule, car les conséquences du réchauffement persistent même si les émissions de gaz à effet de serre sont stoppées (3).

Ces limites aident donc à comprendre la résilience de notre planète et à évaluer notre consommation de ressources naturelles. Elles définissent les normes à ne pas dépasser pour permettre à l’humanité de continuer à vivre dans des conditions de vie correctes. Les dépasser revient à tirer une sonnette d’alarme nous enjoignant à remettre en question nos modèles de production et de consommation.

 

Pourquoi respecter les limites planétaires ?

Les limites marquées en gras sont les 6 limites que nous avons déjà franchies. Respecter les limites planétaires est essentiel pour préserver la santé du système Terre.

Si nous ne respectons pas ces seuils et dépassons ce point de non retour, les conséquences (souvent irréversibles) sur le climat et la vie humaine sont nombreuses.

Les services fournis par le système Terre sont nombreux et essentiels à la vie humaine. Toutefois, ceux-ci dépendent d’une multitude d’acteurs qui, au sein d’un même écosystème, vont évoluer et contribuer à fournir un ou plusieurs services aux écosystèmes auxquels ils appartiennent. À titre d’exemple, pour qu’un potager puisse produire des légumes, il faut que la terre abrite toute une série de décomposeurs capables de rendre assimilables les nutriments aux plantations. Toutefois, pour que ces décomposeurs soient présents dans le sol, il est nécessaire que celui-ci soit suffisamment humide et riche.

Il s’agit d’un exemple parmi d’autres, mais on peut aussi citer d’autres services écosystémiques tels que la régulation du climat, la purification de l’eau et la pollinisation des cultures. Tous ces services écosystémiques dépendent de la santé des écosystèmes et de la disponibilité des ressources naturelles. En respectant les limites planétaires, nous préservons donc ces écosystèmes, mais également leurs services.

Sans compter que les dégradations environnementales et les perturbations climatiques peuvent entraîner des conflits et/ou des migrations forcées, ce qui constitue un risque pour la stabilité mondiale (1;4).

 

Sources

(1) Tout comprendre aux limites planétaires, Reporterre (consulté le 10 octobre 2023)

(2) Earth beyond six of nine planetary boundaries, Stockholm Resilience Center

(3) La 6e limite planétaire est (officiellement) dépassée, Bon Pote (consulté le 10 octobre 2023)

(4) Les limites planétaires, un socle pour repenser nos modèles de société, CERDD