Triangle de l’inaction : qu’est ce que c’est ?

Par : Alicia Kempeneers

Publié le   |  Temps de lecture :

Pourquoi est-il difficile d'agir pour le climat ?

Oui, il est urgent d’agir pour le climat, mais comment est-ce qu’on fait ça ? Question complexe à laquelle il est difficile de répondre sans soulever un ou deux « oui, mais ». « Oui, mais quel impact puis-je bien avoir, moi citoyen alors que certaines entreprises émettent 20 fois plus de gaz à effet de serre que moi ? » « Oui, mais à quoi est-ce que cela peut bien rimer de ne pas partir en vacances en avion alors que Jeff Bezos prend son jet tous les week-end ? ». On tombe alors dans ce que l’on appelle communément le triangle de l’inaction.

 

Qu’est-ce que le triangle de l’inaction ?

Le triangle de l’inaction consiste en un processus de déresponsabilisation employé à la fois par les citoyen·ne·s, mais également par les entreprises et le gouvernement. Même en étant engagé·e pour le climat, on peut avoir tendance à pointer du doigts les plus « gros » pollueurs, entreprises et gouvernements, pour leur inaction ou leurs émissions de gaz à effet de serre plus importantes que les nôtres.

Le triangle de l'inaction avec à ses pointes, l'État, le citoyens et les entreprises

Pourtant, et même si les impacts peuvent de prime abord paraitre disproportionnés, il n’en demeure pas moins que nous disposons toutes et tous d’un pouvoir d’action sur la direction que prend la société.

Par exemple, imaginons que vous changiez de téléphone tous les ans pour un nouveau modèle. Cela envoie le message à l’entreprise que vous êtes à l’affût de nouveautés et que vous avez « besoin » d’un nouveau téléphone l’an prochain. Suivant la logique de l’offre et de la demande, l’entreprise n’aura donc d’autre choix que de répondre à votre demande en vous fournissant chaque année un nouveau téléphone. La position sera également la même au niveau de l’État. Pourquoi imposer des normes environnementales plus strictes aux entreprises si celles-ci paient leurs taxes et répondent à un besoin des consommateurs et consommatrices, le tout œuvrant au bon fonctionnement économique de notre pays ?

La boucle est bouclée, le serpent se mord la queue, le triangle fait du statuquo.

 

 

Pourquoi le triangle de l’inaction est-il problématique ?

Vous l’aurez compris, cette situation est d’autant plus problématique que ce raisonnement n’est pas seulement utilisé par les citoyen·ne·s, mais également par celles et ceux vers qui les doigts sont pointés. Ainsi, une entreprise, quelle que soit sa taille, n’aura pas de raison de changer son business model ou de cesser la vente de certains de ses produits tant qu’il y aura des personnes qui les achètent. Pour prendre des risques ou investir dans de nouveaux projets, elle attendra de voir des tendances claires se dessiner chez les consommateurs et consommatrices ou de recevoir des incitations au changement venant de l’État.

Parlons-en d’ailleurs de l’État. Fonctionnant en démocratie, les élu·e·s doivent bien entendu tenir compte des demandes de la population (leur potentiel électorat), mais aussi des acteurs de la vie économique telles que les entreprises. Cela implique qu’ils et elles ne doivent pas perdre de vue les attentes de leurs concitoyen·ne·s.

Retour à la case départ : si vous voulez changer les choses, votez pour !

Il existe pourtant des clefs pour sortir du triangle de l’inaction. En comprenant les rôles multiples que nous endossons au cœur d’un système, il est possible de d’agir directement et indirectement sur les autres acteurs de ce système.

 

 

Sources :

(1) Climat : comment briser le « triangle de l’inaction » et faire vraiment bouger les choses, Ouest France

(2) Comment dépasser le triangle de l’inaction, Pierre Peyretou